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La maîtresse de mon mari habite chez nous.

, par isabelle


Non, je rigole, elle n’est pas physiquement présente, mais c’est son parfum qui nimbe mon mari.

Les livres qu’elle a écrits, mon mari les a tous lus. Ceux qui parlent d’elle en bien, et les ouvrages qu’elle recommande sont sur les rayonnages de notre bibliothèque. C’est elle qui a établi l’emploi du temps de mon mari, une fois pour toutes. Il sait d’instinct où elle veut qu’il mette les priorités et s’y conforme. Il va la voir chaque semaine, le jeudi soir et part en vacances avec elle une semaine par an. Il parait qu’il n’y a rien de charnel entre eux mais sa pensée le façonne dans toutes les fibres de son être. Quand je me souviens de l’homme joyeux et talentueux dont je suis tombée amoureuse, je suis triste de voir combien ses ailes ont été rognées.

Oh, elle a des charmes la maîtresse ! Je l’ai pas mal fréquentée également jusqu’à ce que je m’aperçoive qu’elle avait un ascendant mortifère sur mon mari et donc sur notre couple. Je le lui ai dit plusieurs fois mais elle n’était pas d’accord alors elle a rompu avec moi. Il paraît que je n’étais pas capable de comprendre combien son influence toute spirituelle, toute céleste était au contraire un bienfait pour tous ceux qui la fréquentaient. C’est qu’elle est sûre d’elle la traîtresse. Elle est puissante de la promesse de fidélité qu’elle a arrachée à ceux qui se sont mis dans ses bras. En réalité, ce ne sont pas des bras mais des étaux.

Sacrée maîtresse va !

Moi, que puis-je faire, sauf rester dans l’ombre, me taire et souffrir de n’occuper qu’une place de deuxième rang ? Pleurer avec mon cœur en lambeaux sur un bonheur inaccessible ? M’égosiller pour avertir les sourds de se méfier de cette garce aux yeux faussement tournés vers le ciel ? Saisir les tribunaux pour que justice me soit rendue ? Alerter la presse pour qu’elle l’éclabousse ?

Ni larmes, ni salive, ni venin, rien ne l’atteindra. Rien ne détournera mon mari de sa fascination.

C’est moi qui vais déménager. Pour me sauver du naufrage et exister par moi-même, en dehors d’une vie conjugale anémique. Pour retrouver du souffle. En le laissant se consumer dans sa passion sans voir mon chagrin, sans entendre les reproches et les mises en garde que je lui fais, il va achever d’être digéré par sa maîtresse… A moins qu’après en avoir goûté tout à son aise, il ne prenne conscience de la fadeur de son menu mille fois réchauffé jusqu’à en être rance et moisi. A moins qu’il ne se souvienne lui aussi de la jeune femme pleine de fantaisie et tellement vivante qui a voulu devenir son épouse devant Dieu et devant les hommes.

Honnies soient toutes les maîtresses qui violent le jardin conjugal en prétendant y planter de saintes espèces. Leur langage, comme celui du serpent antique, n’est qu’illusion. Bien malin qui parvient à leur résister… Notre histoire n’est pas finie, s’il vous plaît, priez pour nous !

Isabelle

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